BFMTV – « C’est qui le Patron ?! » veut aider les grosses entreprises à vendre des produits plus responsables

« La marque C’est qui le patron?! qui mise sur des produits qui rémunèrent mieux le producteur veut collaborer avec d’autres marques, comme Accor ou Nestlé, afin de les aider à leur tour à créer des articles plus durables et plus responsables.

Fin 2019, la fameuse brique de lait à 99 centimes se sera vendue à 130 millions d’exemplaires. – Geoffroy van der Hasselt – AFP_11A3Y2
22/09/2019

Née pour fournir une « juste rémunération » aux éleveurs laitiers, la marque des consommateurs C’est qui le patron ?! veut aujourd’hui « accompagner une mutation plus rapide de l’économie ». Première marque dont les produits sont élaborés par les clients, C’est qui le patron ?! (CQLP) a lancé en trois ans 33 produits réputés « bons, sains et responsables » – oeufs « équitables », beurre bio, steak haché, farine, vin…- dont le premier, une brique de lait bleue, est apparu dans les supermarchés le 15 octobre 2016.

Avec un réel succès: fin 2019, cette brique à 99 centimes se sera vendue à 130 millions d’exemplaires, après avoir été fabriquée selon un cahier des charges réalisé collectivement via un questionnaire soumis, comme chaque produit, au vote des 8.500 adhérents à la coopérative CQLP. « Cela représente aujourd’hui 5% du marché français du lait », se félicite le fondateur Nicolas Chabanne, aussi à l’origine en 2014 le collectif « Les Gueules Cassées » pour sauver du rebut les fruits et légumes « moches ».

 

Une rémunération garantie pour les éleveurs

« Nous aidons à vivre 350 producteurs de lait, grâce à une rémunération garantie de 39 centimes par litre, alors qu’ils ne gagnaient que 21 centimes en 2016 », dit-il à l’AFP. Les fournisseurs sont contrôlés par Bureau Veritas et par des consommateurs qui « prennent un jour de congé », dit-il, pour aller voir les conditions de production.

Aujourd’hui, C’est qui le patron ?! veut franchir un nouveau cap en collaborant avec de grands groupes comme Nestlé, pour peser en amont. « Nous nous sommes dit: Pourquoi ne pas aller voir d’autres marques? Mais nous ne voulons pas devenir une multinationale de l’équitable, nous ne dépasserons jamais 50 à 100 produits », dit Nicolas Chabanne.

Pour franchir ce cap périlleux, un expert du développement durable, Didier Livio, fondateur en 1981 de la société d’ingénierie Synergence, a été recruté pour diriger le collectif L’Atelier consommateur et citoyen créé par CQLP. Celui-ci emploie 12 spécialistes des questions environnementales, économiques, sociales et de gouvernance, qui réaliseront des audits des entreprises partenaires.

« Nous allons examiner leur modèle économique en étant très exigeants, pour accompagner, avec la force des consommateurs, une mutation plus rapide de l’économie, face aux urgences climatique et sociale », affirme Didier Livio à l’AFP. Le but: « aider les marques à faire des produits plus durables, plus équitables, plus responsables ».

 

L’UFC-Que choisir réfléchit à créer son label

Le président de l’UFC-Que choisir Alain Bazot salue un projet d’une « ambition folle », qui « s’inscrit dans la tendance actuelle de redonner du pouvoir de marché au consommateur, qui construit lui-même l’offre ». « Mais il y a le consommateur très engagé, le consommateur qui veut du pas cher… comment faire une offre qui les réunit ? » se demande-t-il. « Cela mérite d’être tenté mais c’est d’une énorme complexité: qui arbitrera entre tant d’impératifs parfois contradictoires ? Qu’est-ce qu’on va garantir au consommateur ? »

L’UFC-Que choisir réfléchit de son côté à « labelliser un produit ou un service », dit Alain Bazot à l’AFP, « mais on joue gros, car nous avons un capital de confiance énorme ».

Premier partenaire de l’Atelier consommateur: Accor, dont la nouvelle marque hôtelière Greet a inauguré mardi son premier établissement à Beaune, en Bourgogne. Pour Franck Gervais, directeur général Europe d’Accor, l’enjeu est « de dire aux consommateurs: +Vous serez partie prenante+ », en créant « un circuit court avec le client, qui permet de prendre beaucoup plus rapidement ses avis ».       

Mobilier recyclé, chiné ou design, couleurs vives, restauration locale, coin jeux pour les enfants, chambres pour deux, quatre ou six personnes (de 60 à 180 euros la nuit), et un poulailler dans le jardin: ce 3 étoiles à Beaune détonne. « Nous voulions être simples, modernes, campagne, éco-friendly, détendus, cool, accueillir les clients au bar: il n’y a pas de réception », souligne Médéric Fauchille, son directeur, prêt à progresser grâce au cahier des charges des consommateurs de l’Atelier. « On va apprendre en marchant », affirme Alain Gervais, qui veut ouvrir 300 hôtels Greet en Europe d’ici 2030. »

C.C avec AFP

 

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